Ma grossesse a été marquée par plusieurs complications : j’ai fait deux phlébites ainsi qu’une embolie pulmonaire. De plus, Issam présentait un retard de croissance intra-utérin, se situant au 2ᵉ percentile. Pour cette raison, j’ai été déclenchée à 37 semaines d’aménorrhée.
Issam est né avec un poids de naissance faible, soit 2,360 kg, mais l’accouchement s’est bien passé sans instrument. Le lendemain de sa naissance, il a dû être sondé car il faisait une hypoglycémie, conséquence de mon diabète gestationnel.
Nous sommes rentrés à la maison après une semaine. À ce moment-là, Issam mangeait toutes les quatre heures et était un bébé plutôt facile, bien que son retard de croissance persiste sans inquiétude particulière du corps médical. Il a toutefois souffert de coliques importantes. À 12 jours, il a fait un malaise par régurgitation durant son sommeil ; il a dû être réanimé avec un massage cardiaque et hospitalisé en réanimation, heureusement pour une courte durée car il s’est vite rétabli.
Par la suite, Issam est resté à la maison avec moi et n’a jamais été gardé ailleurs.
Le jour où tout a basculé
Au bout d’un mois de vie, nous avons commencé à observer des petites traces et pétéchies sur son corps. Ces marques sont devenues plus fréquentes, et nous avons consulté aux urgences lorsqu’Issam avait 3 mois. Des examens ont alors révélé une fracture d’une côte, probablement liée au massage cardiaque qu’il avait reçu à 12 jours. Nous n’avions rien remarqué avant. Un signalement a été effectué, mais nous avons pu rentrer chez nous avec un suivi de la CRIP, qui a finalement demandé une clôture de l’information préoccupante.
Quand le diagnostic est tombé
En décembre, Issam s’est réveillé un matin avec son bras droit rouge et gonflé, ayant doublé de volume. Ayant moi-même eu des complications de type phlébite pendant ma grossesse, j’ai immédiatement pensé à un problème similaire, sans imaginer la suite. Aux urgences, une radiographie a été réalisée en quelques minutes, suivie aussitôt d’un nouveau signalement, sans explication ni communication avec nous. Malgré des dizaines de fractures constatées, aucune prise de sang, aucun bilan médical n’a été réalisé avant de demander un placement en urgence. D’autres examens ont montré qu’Issam présentait en réalité 9 fractures disséminées sur son corps. Neuf heures plus tard, il nous a été retiré et placé par l’Aide Sociale à l’Enfance.
Dans la machine judiciaire
Il a passé sept jours à l’hôpital, puis sept jours en pouponnière, le temps de l’ordonnance de placement provisoire, soit 15 jours. Durant cette période, il a dû subir deux interventions chirurgicales, dont une alors que nous étions en garde à vue. Nous avons vécu 37 heures de garde à vue, proches d’être déférés. Une expertise psychologique et psychiatrique a également été imposée.
Ce placement de 15 jours a été très compliqué pour Issam. Les professionnels ont vite constaté qu’il était extrêmement malheureux. Ils ont dû nous appeler à plusieurs reprises pour qu’il accepte de s’alimenter, car dès que nous arrivions, il mangeait sans difficulté. Il retrouvait son sourire qu’il avait perdu… Nous avions seulement droit à deux visites par semaine, soit deux heures au total.
Au terme de ces 15 jours, nous sommes passés devant la juge des enfants, qui a ordonné un placement chez mes parents, considérés comme tiers dignes de confiance, pour une durée de six mois, avec une mesure d’AEMO. Dans ce malheur, nous avons eu la chance de rencontrer des professionnels à l’écoute, qui ont compris l’ampleur de l’injustice et ont tout fait pour qu’Issam puisse revenir rapidement auprès de nous.
Après deux mois et demi de placement, la situation était devenue insupportable pour Issam : il n’arrivait plus à dormir seul et devait toujours dormir en tenant la main. Les professionnels ont alors demandé une évolution des droits, avec deux nuits par semaine à notre domicile. Peu après, ils ont sollicité la juge afin de lever le placement. Trois mois et demi après, la juge a accepté son retour définitif à la maison. Entre-temps, l’enquête pénale avait été classée.
Aujourd’hui, Issam est à nouveau auprès de nous, mais il garde des séquelles psychologiques importantes. Il souffre d’une angoisse de séparation, ne supporte plus que ses parents s’éloignent trop, et il n’arrive plus à dormir seul.
Et tout cela pour rien… Un an plus tard, à l’hôpital Necker-Enfants Malades à Paris, un vrai bilan a enfin été réalisé. Les résultats sont tombés : les os d’Issam sont bel et bien atteints. Les prises de sang sont claires. Mais en raison de la lenteur de la prise en charge, nous ne savons toujours pas de quelle maladie il s’agit. Nous sommes encore dans l’attente de réponses médicales.
Vivre avec la suspicion
L’impact a été très lourd pour notre couple et notre famille. Psychologiquement, nous avons été profondément marqués par cette séparation brutale d’Issam. Nous sommes suivis car revenir à une vie “normale” après tout cela est extrêmement difficile, et nous prenons encore une véritable “claque” au quotidien.
Pour Issam, le traumatisme reste très présent : il souffre d’une angoisse de séparation et ne supporte plus que nous soyons éloignés de lui. Pour nous, parents, la culpabilité de l’avoir abandonné, la douleur et le sentiment d’impuissance restent très vifs. Nos proches ont également été touchés : tout le monde a souffert de cette situation injuste.
Sur le plan financier, l’impact est important, alors même que nous avons été victimes d’une injustice. Entre les déplacements, les absences au travail liées aux convocations, les procédures, les pertes de revenus et les frais divers, nous avons été mis en difficulté.
Notre vision de la vie a radicalement changé. Nous ne voyons plus les choses de la même façon : désormais, toute notre énergie et toute notre valeur sont accordées à notre famille. Les choses futiles n’ont plus aucune importance ; nous essayons simplement de reconstruire et de reprendre petit à petit une vie stable, malgré le traumatisme de la séparation.
Aujourd’hui, le sentiment qui persiste le plus est celui d’une profonde injustice. Nous nous demandons encore : « Pourquoi nous ? ». Nous ne comprenons pas pourquoi il n’a pas été envisagé de chercher d’abord une explication médicale avant d’arracher Issam à sa famille. Aujourd’hui, c’est lui qui en souffre le plus car cette séparation brutale a provoqué un traumatisme profond dont il porte encore les séquelles. Nous, ses parents, portons aussi cette douleur, mais la vraie victime est avant tout notre enfant.
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