Nous sommes en couple depuis 11 ans et mariés depuis 7 ans. Nous avons 35 ans et trois enfants âgés de 5, 3 et 1 an. Nous vivons dans une maison à la campagne. La maman est formatrice en langues et le papa travaille dans la logistique. Tout allait bien jusqu’à ce que l’impensable nous tombe dessus.
La grossesse et l’accouchement
L’accouchement a été déclenché pour cause de macrosomie, estimant le poids du bébé à 4 kg. Le déclenchement a commencé jeudi avec un ballonet, un tampon et une perfusion d’ocytocine, et la naissance s’est produite le samedi. L’accouchement était très lourd et douloureux. Les eaux se sont rompues en fin de soirée, marquant le début de ce qui a été mon troisième accouchement difficile. Les contractions étaient extrêmement douloureuses et rapprochées, donnant une sensation que le bébé était là sans que la sage-femme ne puisse voir sa tête. J’avais l’impression de mourir à cause des chutes répétitives de tension. La péridurale a été interrompue pour me soulager un peu, mais je n’ai pas pu me reposer. On m’a fait pousser pendant plus de 30 minutes sans résultat. J’ai alors dit à mon mari qu’il y avait un problème et que je ne survivrais peut-être pas ; s’il devait choisir entre le bébé et moi, il devrait choisir le bébé. Une gynécologue a été appelée pour me faire pousser encore une fois, sans succès. J’étais à bout de souffle. Une échographie a finalement révélé que le bébé était bloqué et ne descendrait jamais. Nous avons accepté la césarienne en code vert plus de 6 heures après la perte des eaux.
Notre fils est né par césarienne, pesant 4 kg 400 grammes. Un rideau devant moi m’empêchait de le voir. J’ai continué à avoir des chutes de tension et j’ai tremblé de tout mon corps. C’était l’accouchement le plus difficile de ma vie.
Nous avons remarqué qu’ils ont attendu longtemps avant d’agir pour comprendre pourquoi notre fils ne descendait pas. Ils nous ont laissés souffrir pendant des heures avec des contractions extrêmement intenses toutes les 30 secondes, sans que le bébé ne descende.
À notre retour à la maison, notre fils était sous notre garde. Nous avons rapidement remarqué qu’il marquait facilement des bleus sur sa peau (par exemple, lors de l’appui de nos doigts pour lui faire le rot). Le corps médical nous a assuré que ce n’était pas inquiétant et que cela s’améliorerait avec le temps. Quand il pleurait, il pleurait extrêmement fort, devenait rouge et cessait de respirer. Les médecins expliquaient que c’étaient des spasmes du sanglot et qu’il n’y avait pas lieu d’inquiétude. Cependant, après ces épisodes, ses yeux étaient très rouges avec des pétéchies autour des yeux et sur le visage. Il régurgitait beaucoup, vomissait et se tordait dans tous les sens. Le corps médical nous a suggéré de changer son lait et de le masser.
Bien que le personnel médical soit très rassurant, nous avions l’impression qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas.
Le jour où tout a basculé
Notre fils venait d’avoir 2 mois et nous étions toujours inquiets à cause de ces spasmes du sanglot lorsqu’il cessait de respirer, car ses yeux devenaient rouges et des pétéchies apparaissaient sur son visage. Il marquait facilement des bleus : lorsqu’il se griffait avec ses petits ongles ou quand sa sœur faisait tomber un petit grelot sur sa joue.
Au rendez-vous pour son deuxième mois, j’ai insisté auprès du médecin. Bien que non inquiet, il a décidé de prescrire une prise de sang pour faire un bilan, affirmant qu’il n’y avait pas d’urgence.
Quelques jours plus tard, notre fils était seul avec son père pendant le changement de couche. Il venait de faire une selle après un massage du ventre car il refusait son biberon et était posé en sécurité sur le dos dans son couffin. Il pleurait fort quand son père est parti chercher des lingettes. À son retour, notre fils ne pleurait plus et ne bougeait pas. Son père l’a pris dans ses bras, pensant qu’il était mort et paniquant. Il a appelé son nom, lui donnant des gifles sans résultat. Il m’a alors couru pour me prévenir. Je n’ai pas compris ce qui se passait jusqu’à ce que je prenne mon bébé dans mes bras : il était tout mou. “Il est mort”, ai-je dit en panique. J’ai couru chez nos voisins avec lui dans les bras, totalement affolée. Pendant qu’on appelait le SAMU, on a stimulé notre fils, l’appelant et le piquant pour réagir. En discutant avec l’opérateur du SAMU, notre fils a ouvert les yeux et s’est mis à gémir.
Le médecin régulateur m’a demandé si je voulais/pevais l’amener aux urgences. J’ai répondu “oui bien sûr, on part immédiatement”.
Aux urgences, on me fait patienter puis vérifie les constantes de mon enfant : tout va bien. J’ai l’impression qu’on va me laisser partir avec des instructions simples pour surveiller son état à la maison. Je commence alors à insister. Je montre l’ordonnance du médecin pour une prise de sang, je mentionne qu’il s’arrête de respirer quand il pleure fort et que ses bleus apparaissent rapidement. J’insiste aussi pour vérifier ses poumons car il tousse depuis plusieurs jours et sa soeur a eu une grave pneumonie récemment. Une radiographie des poumons est effectuée.
Quand le diagnostic est tombé
Après l’examen des photos et de la radiographie, on nous dit qu’on va rester en observation pour une nuit. Des prises de sang sont réalisées et il est surveillé toutes les heures. Le lendemain, une IRM lui est faite. On me fait patienter toute la journée sans donner les résultats. On nous propose alors de rester une nuit supplémentaire.
Le lendemain, l’ambiance jusqu’alors bienveillante change radicalement. Une radiographie du squelette est effectuée. À midi, la pédiatre me demande de rencontrer mon mari et elle. J’ai un mauvais pressentiment et suis certaine qu’on va m’annoncer que notre bébé est gravement malade.
On nous invite dans un bureau où trois femmes sont présentes. La médecin pose quelques questions sur l’accouchement puis décrit tout ce qui a été trouvé chez notre fils. Nous sommes tétanisés. On nous dit qu’un signalement a été fait. Je crois encore que cela veut dire que notre bébé est gravement malade jusqu’à ce qu’elle dise : « on pense que c’est vous qui avez fait ça ». C’est comme si le sol se dérobait sous nos pieds, l’horreur absolue.
On nous dit qu’on doit dire au revoir à notre enfant et quitter immédiatement l’hôpital. On ne comprend rien. La douleur est si intense que je veux mourir.
À partir de ce moment, le personnel médical devient ignoble. Nous sommes des monstres dans leurs yeux. Je suis certaine qu’ils auraient voulu nous cracher dessus s’ils en avaient eu l’occasion.
Cela fait plus d’un an et une partie de nous est détruite à jamais. Le traumatisme est immense.
Dans la machine judiciaire
Nous avons été placés en garde à vue plusieurs mois après les faits pendant 30 heures.
Notre fils a été placé immédiatement en famille d’accueil pendant trois semaines, puis chez un tiers de confiance pour une année. Le personnel de l’aide sociale à l’enfance a été d’une incroyable humanité. Ils ont passé des heures à nous expliquer le déroulement des procédures et à nous épauler.
La procédure est toujours en cours.
Notre fils est revenu chez nous après un an de placement. Depuis, aucun suivi n’a été mis en place pour lui. C’est nous qui faisons tout notre possible pour qu’il ait un suivi médical et psychologique.
Vivre avec la suspicion
100% des personnes qui nous connaissent nous ont toujours cru. Il n’y a jamais eu de doutes de leur part.
Malgré cela, la tempête émotionnelle est immense. Nos trois enfants sont suivis par un pédopsychiatre, nous les parents sommes suivis par des thérapeutes spécialisés dans le traumatisme, ainsi que plusieurs membres de notre famille proche ont été suivis psychologiquement également.
Des idées suicidaires sont régulièrement venues s’insérer dans nos têtes. Notre couple est solide mais nous avons beaucoup souffert chacun à notre manière.
La fratrie a énormément souffert : problèmes d’alimentation, de sommeil et d’angoisses.
Financièrement, nous avons utilisé toutes nos économies pour payer les frais d’avocat (plus de 20 000 euros alors que la procédure est toujours en cours).
Nous n’avons plus aucun projet sur le long terme. Notre vie professionnelle a été mise en pause pendant des mois, étant dans l’incapacité totale de travailler.
Nous sommes toujours épuisés par ce combat. Nous vivons dans un sentiment perpétuel de peur : peur qu’on nous reprenne notre fils, peur qu’on nous prenne nos aînés, peur d’être enfermés en prison, peur que chacun de nos mots soit utilisé contre nous, même la simple expression de fatigue (car cela m’a déjà été reproché). Nous sommes en hypervigilance permanente. J’ai perdu toute foi en la justice et confiance dans le corps médical. Mais peut-être le pire est que je n’ai plus confiance en l’humanité.
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