J’ai travaillé dans le domaine de la petite enfance pendant 10 ans, 5 ans en structure et 5 ans en tant qu’assistante maternelle. Je n’ai jamais eu aucun problème. J’ai deux enfants, âgés de 8 et 4 ans.
Le jour où tout a basculé
L’enfant allait très bien la veille ; il était plein d’énergie. Ce jour-là, en revanche, il était calme, ne se déplaçait pas du tout, et abandonnait les jouets que je lui donnais sans même essayer de les récupérer. Il n’a mangé que ses biberons.
J’ai installé l’enfant en position assise sur son lit parapluie. Comme il ne tenait pas encore assis seul, il a basculé en arrière mais n’a ni pleuré ni réagi autrement. Il continuait à jouer avec son doudou. Une demi-heure plus tard, je l’ai installé pour le goûter et au moment de lui donner sa compote, il s’est mis à crier, pleurer et faire une convulsion. Heureusement, il est revenu très vite à lui. Malheureusement, je n’ai pas appelé les secours ; j’attendais que le père vienne le récupérer pour lui expliquer ce qui s’était passé et lui conseiller d’aller aux urgences. Il a suivi mon conseil.
Aux urgences, on nous a demandé si l’enfant était tombé. Au premier abord, il avait une grosse bosse puis une fracture à la tête. J’ai été placée en garde à vue où j’ai été questionnée sur une éventuelle chute. Je leur ai répété que l’enfant n’était pas tombé. Finalement, les experts ont déclaré qu’il n’y avait ni boss palpable à son arrivée ni fracture et donc qu’il avait simplement été secoué.
Quand le diagnostic est tombé
Il a eu un scanner et une radio. Au début, on parlait d’une fracture et d’une éventuelle chute, mais tout cela a disparu. Ils sont maintenant sur le syndrome du bébé secoué (SBS).
Je n’ai plus eu de nouvelles des parents dès le lendemain, ce qui m’a fait comprendre qu’il se passait quelque chose. Je ne pensais pas que ça allait aller si loin jusqu’à ce qu’un matin on sonne à ma porte et me place en garde à vue (GAV). J’ai eu beaucoup de mal à comprendre ce qui se passait. Pendant ma GAV, j’ai été longuement interrogée sur une chute et une fracture. On m’a posé la question du SBS une fois et je leur ai répondu, mais ils sont restés bloqués sur la chute, qui a été complètement écartée par les experts catégoriques sur le SBS.
Honnêtement, je suis complètement perdue. Mes parents ont un comportement un peu étrange sur certains points : ils ont pris une vidéo de leur fils à 6h30 et à 8h30 le matin même de l’accident et une photo 5 minutes avant de me le déposer, qui prouve que l’enfant allait très bien d’après les experts. Comme il a fait la crise chez moi en fin de journée, cela prouve selon eux que c’est moi. Je sais que je ne l’ai pas secoué ; je n’aurais jamais fait ça.
Dans la machine judiciaire
J’ai effectivement été placée en garde à vue (GAV). J’y suis restée une nuit et j’en suis sortie le lendemain midi. Depuis, j’ai passé devant la juge deux fois et j’attends maintenant la contre-expertise qui devrait bientôt arriver car nous avons demandé une contre-expertise dont les parents se sont opposés avec leur avocat. Ils ont adressé 32 pages à la juge pour expliquer qu’ils étaient contre la contre-expertise, mais la juge a quand même accepté.
Vivre avec la suspicion
Honnêtement, j’ai eu beaucoup de soutien de ma famille et de mon conjoint. Heureusement qu’ils sont encore là aujourd’hui car c’est la plus dure épreuve de ma vie et ça l’est toujours car ce n’est pas terminé. L’impact le plus dur à mes yeux a été d’arrêter de travailler et de ne plus pouvoir m’occuper de mes enfants. J’avais choisi cette profession pour pouvoir m’occuper des miens à temps plein, mais malheureusement aujourd’hui je ne peux plus exercer ce métier et n’en ai plus l’envie. Je suis restée au chômage pendant un an et demi car je ne voulais pas laisser mes enfants ; c’était trop dur pour moi.
En juillet de cette année, j’ai décidé d’ouvrir mon auto-entreprise et d’essayer de travailler de chez moi pour toujours rester proche de mes enfants. L’aspect financier est difficile malgré les frais d’avocat qui sont conséquents pour une chose que je n’ai pas faite.
Ce qui a changé aujourd’hui, c’est notre vision du monde des gens et des choses. Nous avons très peur de la suite ; nous ne savons pas comment cette histoire va se terminer. Je vois beaucoup de personnes condamnées malgré qu’elles clament leur innocence, ce qui fait très peur. L’incertitude de ne pas savoir comment cela va se terminer et si je serai toujours auprès de ma famille me pèse. Je ne dors pas bien et mange beaucoup moins qu’avant, mais j’essaie de tenir pour ma famille qui me soutient.
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