Mon conjoint et moi avions 29 et 27 ans lors de l’accident. Nous sommes co-gérants d’une structure de tourisme équestre, et monsieur est pompier volontaire.
Nous avons accueilli notre premier bébé, voulu, au printemps 2025.
La grossesse et l’accouchement
La grossesse s’est très bien déroulée. Nous savions que le bébé serait probablement de petite taille et avons donc suivi un contrôle régulier pour surveiller sa croissance.
L’accouchement s’est déroulé sans problème particulier. Bébé est né par voie basse malgré un accouchement assez long, pesant 2kg920 pour une hauteur de 49cm. Rien d’anormal.
Nous étions ravis de rencontrer notre petite fille. Les premiers jours se sont bien passés et tout s’est déroulé naturellement.
Bébé dormait bien, elle s’alimentait correctement et était plutôt calme. Nous trouvions progressivement notre équilibre tous les trois.
Notre fille est toujours avec nous.
Le jour où tout a basculé
Mon conjoint est tombé dans les escaliers en montant, tenant notre petite fille dans ses bras à l’âge de 3 semaines. Un hématome sur le côté de sa tête était immédiatement visible. Pendant quelques secondes, la petite semblait “ailleurs”.
Tout s’est déroulé très rapidement. Mon conjoint m’a téléphoné pour me prévenir de la chute et de l’urgence de la situation.
Il a appelé le 15, parlant à trois interlocuteurs qui ont tous insisté sur le fait que notre fille avait un hématome conséquent sur le côté de sa tête après avoir touché une marche de l’escalier lors de la chute. Elle pleurait et semblait s’endormir par moments.
Le Samu n’a pas déclenché de transport ni envoyé d’équipe médicale, ce qui reste encore aujourd’hui difficile à accepter pour nous.
Nous avons été priés de transporter notre enfant jusqu’à l’hôpital situé à 30 minutes. Notre fille a donc été prise en charge une heure après sa chute par les urgences pédiatriques. Un scanner a révélé une fracture de la boîte crânienne associée à un hémorragie sous-durale.
Notre petite fille a ensuite été héliportée trois heures après notre arrivée aux urgences pour rejoindre le CHU d’Angers en réanimation pédiatrique.
Quand le diagnostic est tombé
Un médecin de réanimation a signalé l’affaire par “précaution” le lendemain de l’accident.
Le rapport du médecin légiste indiquait qu’il ne pouvait exclure le syndrome du bébé secoué, ce qui nous a plongés dans un véritable cauchemar. Nous avons appris la procédure deux jours après l’accident.
Nous avons été convoqués chez nous, à 2 heures de route de l’hôpital où se trouvait notre enfant, aussi rapidement que possible.
Nous n’avions pas envisagé être soupçonnés de maltraitance. Nous étions choqués et démobilisés.
Nous avions peur de perdre notre enfant suite à l’accident puis nous avons compris qu’il était également possible de la perdre en raison de la procédure qui s’enclenchait.
Notre entourage a essayé d’être là pour nous, même si eux aussi ont été entendus par les gendarmes.
Notre petite fille se battait comme une championne ! Elle nous impressionnait chaque jour par ses progrès et nous permettait de tenir le choc en nous raccrochant au positif qu’elle nous transmettait.
Dans la machine judiciaire
N’étant pas présente lors de l’accident, mon conjoint était le seul mis en cause dans la procédure. Il a été placé en garde à vue trois semaines après l’accident.
Un placement provisoire a été demandé. Notre fille étant sortie de l’hôpital mais devant subir une opération quelques semaines plus tard, le procureur a refusé qu’elle sorte du cadre hospitalier.
Nous avons obtenu la permission d’effectuer des visites quotidiennes à l’hôpital en présence d’une tierce personne de notre entourage, un véritable miracle.
L’audience s’est déroulée trois semaines plus tard. Grâce à nos avocates et aux recommandations favorables de l’aide sociale à l’enfance (ASE), le placement a été définitivement levé.
Notre fille s’est faite opérer deux jours après et a pu rentrer chez nous dix jours après.
La procédure n’est pas terminée, nous attendons toujours une contre-expertise.
Vivre avec la suspicion
Mon conjoint, notre fille et moi sommes plus unis que jamais. Mon conjoint avait besoin de soutien car il s’en voulait. Je ne doutais jamais de lui.
Les accidents arrivent vite et malheureusement les conséquences psychologiques sont importantes. La culpabilité est présente malgré le fait que cette chute aurait pu arriver à n’importe qui…
Nous sommes tous deux en choc post-traumatique et suivis par des médecins pour cela. Chacun essaie de soutenir au maximum l’autre.
La peur est présente chaque jour, nous faisons notre maximum pour reprendre confiance. Notre fille va “bien” mais nous anticipons chaque situation pour éviter tout autre accident.
Étant gérants, nous avons réussi à organiser notre travail de manière à ce qu’un de nous deux soit toujours présent avec notre fille chaque jour. Nous avons effectué cinq heures de route quotidiennement pendant un mois pour pouvoir être auprès d’elle en journée.
Nous sommes en colère face à cette procédure quand les médecins de notre fille nous disent que le choc de sa chute est clairement visible sur l’imagerie. Nous sommes également en colère lorsque ces mêmes médecins expliquent que les symptômes du syndrome du bébé secoué ne correspondent pas aux siens.
Nous comprenons qu’il existe des procédures pour protéger les enfants qui en ont besoin, et nous comprenons pourquoi des signalements sont effectués. Cependant, nous ne comprenons pas pourquoi des médecins spécialistes ne sont pas consultés lors de ces procédures.
Lorsque je lis d’autres témoignages, j’ai beaucoup de compassion pour toutes ces familles victimes et je vois notre histoire comme miraculeuse car nous avons aujourd’hui notre fille avec nous. Cela n’atténue cependant en rien les événements traumatisants que nous avons vécus jusqu’à présent. Je ne peux m’empêcher d’imaginer la douleur des familles ayant eu leurs enfants placés par erreur pendant de longues périodes.
Par soucis d'homogénéisation des témoignages, ce texte a pu être légèrement édité ou traduit par intelligence artificielle. Si vous constatez une erreur ou une incohérence, n'hésitez pas à nous contacter.