Je suis assistante maternelle depuis Juillet 2008. J’ai un CAP petite enfance, un BEP carrières sanitaires et sociales ainsi qu’un BAC sciences médico-sociales. J’ai également obtenu la certification d’assistante maternelle pour la garde d’enfants. J’ai 38 ans et trois enfants nés en 2009, 2012 et 2014.
Le jour où tout a basculé
Le petit A est arrivé chez moi en Mars. C’est un bébé adorable qui ne pleure jamais. Un Vendredi de Mai, après sa sieste de l’après-midi, j’ai posé le petit A sur le tapis d’éveil, sur le ventre. Les autres enfants étaient à la sieste, mais R s’est réveillé en pleurant car il était un peu malade. Je suis allée le chercher et je l’ai changé. Il marchait bien, puisqu’il avait 14 mois, ainsi je l’ai mis debout. Alors que je me tournais pour prendre la couche sale, j’ai entendu un bruit terrible qui reste dans ma tête. En me retournant, j’ai vu R assis sur la tête du petit A sur le tapis. J’ai retiré R et j’ai d’abord cru que A était décédé car il ne bougeait plus, allongé sur son ventre. Je l’ai pris dans mes bras tout de suite, mais il était comme une poupée de chiffon. Sa tête partait brusquement en arrière et je l’ai retenue en glissant ma main, mais sa tête est alors partie en avant se cogner contre ma poitrine. Il gémissait, j’ai alors appelé immédiatement les urgences et les parents. A reprenait peu à peu ses esprits, et des forces au niveau de la tête. Les ambulanciers sont arrivés, mais j’ai dû insister pour qu’ils prennent en charge correctement le petit car ils pensaient qu’il allait bien.
Quand le diagnostic est tombé
J’ai appris que le petit A a été diagnostiqué avec le Syndrome du Bébé Secoué (SBS) ce soir-là, par sa mère. Le lendemain, la gendarmerie m’a contactée pour un interrogatoire libre et des photos ont été prises à mon domicile. Les parents me soutiennent, ils semblent savoir que je n’aurais jamais fait du mal à leur enfant. J’ai été suspendue le Lundi soir, mais on m’a dit de terminer ma journée avec les enfants présents. Le Lundi suivant, une semaine après, j’ai été placée en garde à vue (GAV) à la suite d’un diagnostic certain posé par un médecin légiste. A noter que A avait retrouvé son état normal en 3 jours, il est sorti après une semaine d’hôpital. Les gendarmes et le juge ont été très compréhensifs et rassurants car les faits que j’évoquais étaient cohérents. Une GAV est difficile à vivre, même traumatisante, mais heureusement, le soutien d’un gendarme a été essentiel pour moi. Il m’expliquait tout et même plus que ce qu’il avait le droit de me dire.
Dans la machine judiciaire
J’ai été suspendue le Lundi soir (l’accident s’est produit Vendredi après-midi) et j’avais un rendez-vous avec le service d’agrément le Mardi matin. J’ai été entendue, soutenue et rassurée sur mes démarches. Plus tard, après presque 48h de garde à vue, j’ai été présentée devant un juge pour qui l’hypothèse d’un secouement violent n’était pas cohérente avec le caractère facile de A et sa récupération fulgurante. J’ai obtenu le statut de témoin assisté, avec droit d’exercer. Mon agrément m’a été redonné et j’ai eu son renouvellement en Juillet. Le juge a ordonné une expertise psychologique et psychiatrique, mais seul le volet psychologie a été fait. Les parents employeurs des autres enfants ont été entendus, ainsi que mon ex-mari et le service d’agrément. J’ai été mise sur écoute, mais rien n’est en ma défaveur.
Vivre avec la suspicion
Je vis quotidiennement sous tension, car je ne sais pas ce qu’on va faire de moi. Il s’est passé deux ans et demi depuis que mon statut de témoin a été décidé puis confirmé par quatre juges (juge d’instruction puis chambre de l’instruction). Depuis, un nouveau juge est arrivé sur le dossier. Il n’est pas en accord avec ces décisions précédentes et demande des expertises médico-légales, il peut à tout moment me retirer mon droit de travailler avec des enfants. Émotionnellement, tout cela a été très dur car le petit A est revenu chez moi après l’accident, mais en dépit de la décision de justice actuelle son médecin traitant a menacé les parents d’un rendez-vous avec l’UAPED. Nous avons préféré arrêter le contrat. Cette injustice a beaucoup d’impact sur mon moral et donc sur mon corps : je fatigue, avec beaucoup de problèmes de santé qui sont apparus depuis cet accident.
Par soucis d'homogénéisation des témoignages, ce texte a pu être légèrement édité ou traduit par intelligence artificielle. Si vous constatez une erreur ou une incohérence, n'hésitez pas à nous contacter.