Je travaillais auprès d’enfants dans différents secteurs, mais après ma séparation et en tant que maman solo de deux enfants, je suis devenue assistante maternelle. J’exerçais ce métier depuis presque 10 ans au moment des faits, prenant soin de treize enfants. Tout a basculé avec la garde du quatorzième enfant.
La grossesse et l’accouchement
La maman du petit a eu un accouchement très long pour sa deuxième grossesse. L’enfant avait une grosse tête et vomissait à chaque biberon.
Le jour où tout a basculé
Le petit avait déjà eu un malaise à un mois, mais je n’en savais rien au moment de signer le contrat. À quatre mois, il a eu un deuxième malaise et a été diagnostiqué avec un reflux gastro-oesophagien (RGO), pour lequel on lui a prescrit un traitement. Après les vacances d’été, sans avis médical, ses parents ont arrêté son traitement. La maman m’a dit que les vacances avaient été compliquées : vomissements, pleurs, grattage de l’oreille et insomnie.
Toute la semaine de reprise, le petit n’allait pas bien. J’en ai informé sa mère, mais elle ne faisait rien. Le jour du malaise, j’ai refusé de le prendre, mais la maman me l’a mis dans les bras et est partie rapidement. Il était pâle avec peu de réaction. Au moment de le coucher pour sa sieste, il s’est contracté et a commencé à convulser brièvement avant de pleurer. Je l’ai placé en position latérale et j’ai appelé les urgences, mais ce sont les pompiers qui sont arrivés 10 minutes après mon appel. Le petit a vite repris connaissance et ses constantes étaient bonnes. Il a été emmené directement aux urgences pédiatriques.
Deux jours plus tard, il est tombé de son lit d’hôpital dans la nuit sous la surveillance de sa mère. Nous avons appris cela avec mon avocate en accédant au dossier et avons découvert qu’il présentait des hématomes de serrage aux bras, ce qui n’était pas visible à son arrivée aux urgences (comme indiqué sur les différents procès-verbaux).
Quand le diagnostic est tombé
À son arrivée aux urgences, on lui a fait une radio des poumons, un encéphalogramme, un électrocardiogramme et une prise de sang qui révélait une forte anémie. C’est seulement deux jours après sa chute du lit et après avoir convulsé pendant près d’une heure qu’il a passé un scanner. Transféré dans un autre hôpital pour être opéré (pose d’une dérivation), c’est à ce moment que le signalement a été fait. La mère m’a informée de ce signalement et m’a dit qu’ils ne pouvaient plus rester avec leur enfant, qui serait placé. Nous étions tous sous le choc et ne comprenions rien.
Dans la machine judiciaire
Les parents et moi avons été placés en garde à vue deux mois plus tard. Les parents ont passé 9/10 heures en garde à vue mais sont restés silencieux tout du long. Moi, qui n’avais rien à me reprocher, j’ai raconté tout ce que je savais sans omettre de détails. J’ai passé plus de 33 heures en garde à vue. Étant la seule personne présente avec l’enfant, on m’a accusée malgré mes protestations d’innocence et mon affirmation n’avoir rien fait au petit. À la fin de ma garde à vue, j’ai été présentée à la juge d’instruction qui m’a placée sous contrôle judiciaire et retiré mon agrément.
L’instruction a duré 13 mois. J’ai été renvoyée en correctionnelle sept mois après la fin de l’instruction et condamnée. J’ai fait appel de cette décision, mais neuf mois plus tard, j’étais à nouveau condamnée. J’ai saisi la Cour de cassation, qui m’a déboutée douze mois plus tard. Actuellement, j’ai saisi la Cour européenne des droits de l’homme depuis près de neuf mois.
Vivre avec la suspicion
Du jour au lendemain, je me suis retrouvée accusée sans travail et avec deux enfants. Pendant un temps, j’ai pu bénéficier du chômage, mais l’impact financier s’est fait sentir. Je suis tombée dans une sorte de dépression, prise dans un cauchemar heureusement soutenue par ma famille.
Puis j’ai connu l’association et grâce à elle, j’ai échangé avec des nounous qui traversaient la même injustice. J’ai remonté la pente pour comprendre ce qui avait pu arriver au petit garçon. J’ai fait des recherches, mais la justice n’a jamais rien voulu entendre.
J’ai suivi des formations pour une reconversion professionnelle et aujourd’hui je m’épanouis dans mon nouveau travail. Je suis devenue bénévole dans l’association pour aider et soutenir toutes les assistantes maternelles qui malheureusement vivent le même cauchemar que j’ai vécu et continue de vivre.
Lors de mes deux procès, on m’a reproché d’être membre de l’association. L’avocat des parents ainsi que les deux avocats généraux ont clairement dit qu’Adikia était un groupe de complotistes, de charlatans et presque une secte. Ils n’ont fait que critiquer Adikia, ce qui m’a condamnée simplement parce que j’étais adhérente et bénévole. Cette question persistera toujours en moi.
Mais pour rien au monde je ne regrette d’être bénévole ; c’est devenu ma force pour soutenir les nounous. Je suis marquée à vie, je n’ose même plus prendre un bébé dans mes bras, pas même ceux de ma famille ou amis, de peur d’être de nouveau accusée si jamais il arrive quelque chose à ces bébés.
Je suis en colère contre ces médecins qui n’ont fait aucune recherche pour savoir exactement ce dont souffrait le petit garçon. Je suis en colère contre la justice qui ne m’a donné aucune chance de me défendre et prouver mon innocence, contre ces juges qui ont refusé toutes mes demandes de contre-expertises, et qui m’ont condamnée sans aucune certitude que j’étais coupable. Surtout lors de mon appel, mon avocate et moi avons largement prouvé les mensonges de la maman qui a été interrogée lors de mon appel.
Aujourd’hui, une chose est sûre : il n’est plus bon d’être assistante maternelle.
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