Mon mari et moi sommes ensemble depuis 13 ans. L’envie d’avoir des enfants est arrivée très vite dans notre couple. Après nos études, nous avons accueilli notre première fille. Trois ans plus tard, nous avons accueilli notre deuxième princesse.
La grossesse et l’accouchement
La grossesse a été difficile en raison du placenta praevia. Malgré ce problème, tout s’est bien passé. L’accouchement s’est fait par césarienne d’urgence à 36 semaines d’aménorrhée (SA). Notre fille était donc prématurée et pesait 2,6 kg pour une taille de 41 cm. Elle présentait un ictère important à la naissance qui a duré quelques temps après notre retour à la maison. La prise de poids était difficile ; nous avons jonglé entre l’allaitement et des suppléments en lait artificiel. Nous avons changé plusieurs fois de marque de lait une fois rentrés chez nous. C’était un bébé extrêmement calme qui pleurait rarement. Elle avait besoin d’être dans les bras, et il y avait beaucoup de régurgitations après les biberons ou les tétées. Elle était gardée uniquement par nous ou sa grand-mère.
Le jour où tout a basculé
Quatre à cinq jours avant l’événement tragique, elle a régurgité dans son lit (couchée sur le dos) et a fait une fausse route sans conséquences immédiates. À la suite de cela, nous avons décidé de l’installer en position semi-assise pour éviter un nouvel étouffement.
La veille, elle présentait des pleurs inexpliqués et semblait plus agitée. Mon mari et moi avons pensé qu’en cas de persistance, nous prendrions rendez-vous avec son pédiatre ou un médecin. Le lendemain, lorsqu’elle était en position semi-assise, elle a chuté sur une télécommande (face contre la tempe). Après cet incident, elle s’est progressivement endormie. Mon mari m’a prévenue immédiatement ; je lui ai dit de la stimuler car elle ne répondait plus. Il a donc appelé le SAMU. Mon mari a massé notre bébé pendant 40 minutes seul. À mon arrivée au domicile, nous avons continué à la masser jusqu’à l’arrivée des secours, soit environ 50 minutes de massage en tout. Les pompiers ont continué le massage pendant 15 minutes supplémentaires jusqu’à l’intubation par le médecin, soit un total d’environ une heure et quinze minutes de massage.
Quand le diagnostic est tombé
On nous a parlé du syndrome du bébé secoué (SBS) pour la première fois à la gendarmerie. L’équipe médicale n’avait pas encore mentionné ce terme. Mon mari a été placé en garde à vue 24 heures après l’événement. C’est lors de mon retour à l’hôpital qu’on m’a parlé du SBS. Un scanner et un examen des fonds d’œil avaient été effectués.
Lors de cette annonce, on m’a dit qu’une simple chute ne pouvait pas expliquer son état et que notre fille avait été secouée par mon mari, mais que cela ne faisait pas de lui quelqu’un de mauvais. Je leur ai répondu que c’était impossible ; leur avis était sans appel.
J’étais dévastée : mon bébé était en mort encéphalique et mon mari était accusé. De plus, on m’a annoncé le placement de notre première enfant. J’étais dévastée et désespérée. Mon mari, seul, n’avait aucune nouvelle de notre bébé et apprenait lors de sa garde à vue qu’une ordonnance de placement provisoire (OPP) avait été émise pour notre aînée. Il se sentait mort de l’intérieur, éteint.
Nous avons immédiatement pensé à une syndrome d’Ehlers-Danlos (SED), SED vasculaire ou ostéogénèse imparfaite en tout cas une pathologie génétique qui pourrait expliquer les symptômes que je pourrais également avoir. Nous avons fait beaucoup de recherches bibliographiques sur le sujet.
Dans la machine judiciaire
Nous avons été entendus, ainsi que la mamie, 24 heures après l’événement. Mon mari a ensuite été placé en garde à vue puis en détention provisoire pendant plus de 15 jours avec interdiction de contact. Notre aînée a été placée chez sa mamie pendant 15 jours avant que nous puissions récupérer la garde.
Une enquête est toujours en cours ; nos proches ont été interrogés et on leur a dit clairement qu’il ne pouvait pas y avoir d’autre raison qu’un SBS. La conclusion de l’autopsie a également été mentionnée. Nous n’avons aucune nouvelle, j’ai appelé plusieurs fois la personne responsable de l’enquête qui m’a indiqué que celle-ci n’était pas encore clôturée.
Vivre avec la suspicion
Cet événement nous a complètement détruits. Notre aînée, qui n’a que 3 ans, a cru que son père était décédé car il avait disparu du jour au lendemain.
Notre couple en a été extrêmement affecté ; nous essayons de nous reconstruire petit à petit, mais ce n’est pas facile.
Près de 95% de notre famille nous a tourné le dos, acceptant la conclusion de la gendarmerie sans plus d’examens. Nous sommes isolés et déprimés, luttant pour garder le cap pour notre fille afin qu’elle se souvienne de parents battants et non abattus.
L’impact financier a été catastrophique. Nos finances étaient déjà fragiles, et la mise en détention de mon conjoint nous a précipités dans une situation financière précaire. Nous avons dû reprendre nos travaux respectifs, peu importe notre santé mentale, pour subvenir aux besoins de notre famille et couvrir les coûts de notre défense.
Nous essayons maintenant de réinventer notre vie.
Aujourd’hui, le plus gros traumatisme qui persiste est le fait que nous n’ayons pas pu accompagner notre fille ensemble dans ses derniers instants. J’ai dû la débrancher seule car mon mari était en garde à vue. Cette expérience a engendré une peur de l’avenir et une impossibilité de se projeter, présentes aujourd’hui encore.
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