J’avais 35 ans et mon mari, 45 ans, lors des événements qui suivent. Je suis restauratrice et mon époux travaille comme vendeur dans les travaux publics. Nous vivons près de Nancy, et mon mari a deux enfants d’un premier mariage.
La grossesse et l’accouchement
Mon accouchement a duré presque 16 heures ; nous étions à 10 minutes de faire une césarienne. Les médecins ont tourné ma fille deux fois dans le bassin, et lors de la deuxième rotation, ils lui ont fait une bosse qu’ils m’ont assuré se résorberait d’elle-même. Pour la sortir, ils ont utilisé une ventouse. Ils lui ont prodigué les soins habituels mais ont décidé d’appeler un pédiatre pour vérification. On ne savait pas exactement pourquoi, mais ils ont prescrit à ma fille du Doliprane à prendre pendant mes trois jours de séjour en maternité. Pendant ce temps, elle avait froid, son teint était jaune sans être atteinte de la jaunisse, un œil louchait et une oreille ne percevait pas bien les sons. On m’a assuré que tout cela n’était pas grave et qu’il fallait attendre avant de refaire des tests chez le généraliste lors d’une visite médicale.
Le jour où tout a basculé
Quinze jours plus tard, j’ai signalé à la PMI que ma fille tenait sa tête toujours un peu penchée sur le côté. J’avais pensé qu’elle avait un torticolis. La personne m’a répondu que ce n’était rien et qu’il fallait juste bien la positionner, ce que je faisais déjà. Dans les semaines qui ont suivi, elle semblait se sentir bien uniquement dans une certaine position dans son transat avec sa tête penchée sur le côté. Sinon, nous avons eu des pleurs sans raison que nous arrivions à calmer avec des bercements et des câlins. Un jour, lors d’une visite chez le médecin, j’ai mentionné que ma fille pleurait sans raison et que lui donner du Doliprane l’apaisait. Personne ne s’est inquiété davantage et on m’a conseillé de continuer à lui en donner pendant 15 jours.
Le premier juillet 2018, ma fille a eu sa première fièvre, même quand elle faisait ses dents, elle n’en avait jamais eu. Comme c’était un dimanche, j’ai attendu le lendemain pour l’emmener chez le médecin. Celui-ci m’a indiqué qu’il y avait beaucoup de maladies infantiles et que nous allions sûrement en avoir une. Il a également prescrit une analyse d’urine, mais il est très difficile d’en obtenir sur un bébé de presque six mois. Le lendemain, la fièvre était presque tombée, mais elle refusait de manger et boire normalement. Je n’ai donc pas insisté.
Le mercredi suivant, la fièvre est revenue, mais ne dépassait pas 38,5°C. Le jeudi matin, à son réveil, j’ai vu dans son regard qu’il y avait un appel au secours, un gémissement. J’ai immédiatement contacté le médecin qui m’a prescrit une prise de sang qui a révélé une anémie en globules rouges et une infection. Nous l’avons donc hospitalisée à l’hôpital pour enfants.
À notre arrivée, elle a été auscultée, déshabillée, et réhydratée par solution liquide au biberon, mais ils n’arrivaient pas à trouver ce qu’elle avait. Ils ont donc décidé de la réhydrater par voie veineuse, mais ses vaisseaux étaient si fragiles qu’ils ont dû lui faire une perfusion dans la tête. Si seulement on l’avait su alors qu’elle avait déjà du sang dans le cerveau. Une échographie au niveau du ventre pour voir où son sang passait n’a rien révélé. Ensuite, ils ont procédé à une ponction lombaire en pensant à une leucémie, mais la machine était en panne et nous n’aurions les résultats que le lundi suivant.
La fièvre est revenue. Le vendredi, on lui a simplement injecté une solution réhydratante tout en attendant éventuellement une transfusion sanguine pour faire remonter son taux de globules rouges. La nuit du vendredi au samedi a été très agitée, mais ma fille semblait un peu plus vive. J’ai signalé à l’infirmière que je trouvais qu’elle regardait un peu dans le vide. Elle m’a simplement répondu que la fièvre pouvait la rendre un peu agitée.
Cependant, en fin de matinée, tout s’est enchaîné : ils ont décidé de lui injecter du fer et environ une heure après, elle a commencé à vomir en jet comme jamais auparavant. Le personnel soignant est venu m’aider à la changer, mais environ une heure trente plus tard, elle a fait sa crise d’épilepsie. À ce moment-là, tout le monde s’est affolé : le regard de ma fille était en train de s’éteindre sous mes yeux ; ils lui ont administré un médicament pour faire cesser la crise. Nous sommes partis en urgence au scanner et à partir de là, tous les regards se sont changés.
Nous avons perdu deux jours de diagnostics en raison d’une errance médicale entre notre entrée à l’hôpital le jeudi et le scanner effectué après la crise épileptique samedi après-midi. J’ai compris ce qui se passait quand le neurochirurgien est venue me voir, me demandant si ma fille était tombée, ce que j’ai catégoriquement nié. Lorsqu’elle a suggéré qu’une personne lui avait fait du mal, je l’ai également réfuté. Sa réponse sèche m’a laissé perplexe : il y avait pourtant quelqu’un qui lui avait fait du mal. Mon mari et moi n’avons rien compris à ce cauchemar qui nous attendait. Nous ne savions pas si notre fille allait survivre à l’opération, ni quels seraient les effets secondaires graves dont nous étions déjà soupçonnés de maltraitance. Je suis convaincue que les difficultés lors de mon accouchement et la bosse sérosanguine qui a pris plus de 15 jours pour disparaître au lieu de 7, ainsi que les différents symptômes comme le teint jaune, une température inférieure à la normale, un œil qui louchait et une oreille qui n’entendait pas bien étaient peut-être les prémices de ce qui allait se passer ensuite. Pendant les mois suivants, j’avais toujours cette sensation que quelque chose n’allait pas. Ses pleurs inexplicables, des positions classiques dans nos bras qui la gênaient… J’ai alerté le médecin traitant à plusieurs reprises.
Dans la machine judiciaire
J’ai été placée en garde à vue pendant 36 heures avec mon mari. J’ai passé 18 mois dans un centre maternel, avec des visites médiatisées pour moi et mon mari. Ensuite, j’ai vécu chez mes parents avec ma fille pendant 14 mois avant de pouvoir rentrer chez nous. J’ai eu trois assistantes sociales différentes à l’aide sociale à l’enfance (ASE). Les éducatrices du foyer ont été un soutien incroyable, une écoute et une aide précieuses ; sans elles, j’aurais beaucoup plus de mal à supporter ce que représente au quotidien un centre fermé. Le procès pénal s’est terminé en début d’année après 6,5 ans de procédure. Mon mari a été condamné à deux ans avec sursis car même sans preuve, il était le suspect idéal étant donné qu’il avait les pleurs du soir quand j’étais au travail.
Vivre avec la suspicion
Nous avons célébré nos 8 ans de mariage cette année. Nous avons toujours été un soutien l’un pour l’autre. Ce cauchemar nous a soudés plus que jamais. J’ai rassemblé chaque minute des jours où Amélie avait de la fièvre ; il s’est passé exactement sept jours entre le début de la fièvre et sa crise d’épilepsie, bien loin du moment où la Haute Autorité de Santé (HAS) dit que cela se produit instantanément ou jusqu’à 48 heures avant qu’un enfant ne fasse un malaise. Or elle était hospitalisée quand cela s’est produit. Mon mari et moi avons été suivis psychologiquement pour supporter l’insupportable. Financièrement, nous avons fait face comme nous avons pu, mais l’argent que nous avons dû dépenser pour nous défendre de quelque chose qui n’a pas eu lieu ne reviendra jamais puisqu’un coupable a été désigné par la justice.
Notre vie a été à jamais changée à partir du 7 juillet 2018 ; il y a un avant et un après. C’est une reconstruction personnelle de chaque jour. On se retrouve embarqué dans un puits sans fond où on se demande quand est-ce que tout cela va cesser. Passer une nuit en cellule comme des meurtriers alors qu’on n’a jamais eu de procès-verbal de sa vie… Impensable… Nous continuons d’avancer, mais nous n’oublions pas tout ce que notre système judiciaire nous a fait subir. Il nous a rabaissés, humiliés, vidés de nos valeurs morales et fait douter de tout l’amour que nous avions donné à notre fille depuis sa naissance en disant que nous étions des mauvais parents.
Aujourd’hui, il nous reste un goût plus qu’amer. À force de recherches pour prouver notre innocence, on s’aperçoit bien que le système médical du départ est complètement faussé. Tout est basé sur des connaissances aujourd’hui dénuées de bon sens ; il n’y a plus qu’en France que l’on croit à un diagnostic qui a été controversé par d’autres pays. Ma fille n’a aucune séquelle aujourd’hui, ses capacités intellectuelles, physiques et émotionnelles sont parfaites alors que son ischémie cérébrale aurait dû laisser des séquelles.
Nous essayons aujourd’hui de vivre avec tout cela ; cela fait partie de l’histoire de ma fille, encré en elle. À l’heure actuelle, je n’ai toujours pas de réponse sur comment est arrivé l’hématome sous-dural. Nous n’avons jamais su non plus d’où venait l’infection qu’elle avait dans la prise de sang à son arrivée à l’hôpital. C’est certainement notre plus grand regret, ne pas avoir trouvé de réponses. Pour autant, quand chaque jour je vois le sourire de ma fille et son épanouissement comme une petite fille normale, on se dit que cela vaut le coup de se battre pour la vérité.
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