Mon fils, le père des jumeaux, travaille dans les travaux publics. Il est papa de jumeaux nés en mars 2021 et habite une maison qu’il a rénovée pour accueillir ses enfants après leur placement à l’aide sociale à l’enfance (ASE). Je suis la grand-mère des jumeaux, et nous les avons beaucoup aidés avant et après le placement. Mon fils est désormais papa solo avec la garde exclusive et l’autorité parentale.
La grossesse et l’accouchement
La grossesse s’est bien déroulée, malgré les difficultés liées au COVID-19 qui ont rendu les contacts difficiles pour la mère. C’était une grossesse gémellaire : à la naissance, les deux bébés avaient des poids et tailles normaux, mais l’un d’eux a eu une croissance anormale de son périmètre crânien sans inquiéter le médecin qui les suivait. Les jumeaux étaient pris en charge par leur mère et nous, leurs grands-parents paternels. Après la maternité, tout s’est bien passé : ils prenaient du lait maternel et des biberons. La mère était sous traitement pour une dépression avant, pendant et après la grossesse.
Le jour où tout a basculé
La semaine précédente, mon petit-fils avait eu un comportement anormal décrit comme un “bug” par sa mère. Le samedi 31 juillet 2021, nous sommes allés aux bébés nageurs avec les jumeaux comme tous les samedis. Télio était pâle et peu réactif. Dans les bras de sa mère, il a eu à nouveau ce comportement anormal. Nous avons continué la séance. À notre retour à la maison, pendant son repas, ses yeux ont commencé à bouger de manière inhabituelle, sa bouche s’est tordue et son bras tremblait. J’ai appelé le SAMU qui m’a dit qu’il faisait probablement une crise d’épilepsie et que nous devions l’amener aux urgences plus tard dans la journée. Nous sommes partis immédiatement à l’hôpital, tous les quatre. Après beaucoup d’attente et plusieurs épisodes de comportement anormal chez Télio, je me suis énervée pour obtenir une prise en charge rapide : examen par pédiatre, prises de sang, scanner révélant des hématomes sous-duraux (HSD). La pédiatre m’a dit que le bébé avait été secoué et qu’il était en train de mourir.
Quand le diagnostic est tombé
Télio a été transporté à l’hôpital Femme Mère Enfant (HMFE) de Bron pour une intervention chirurgicale. Deux jours après, un signalement a été fait. Il a subi des examens IRM, scanner, radio, échographie, fond d’œil, prises de sang et analyse d’urine. Son jumeau a eu les mêmes examens. C’est la psychologue de l’hôpital qui a annoncé à mon fils le diagnostic de maltraitance. La pédiatre de départ, celle de Romans, a été extrêmement brutale dans ses propos envers mon fils, ma belle-fille et moi-même. Le personnel de Bron était plus modéré dans les paroles mais pas dans l’attitude : regards soupçonneux, nous devions laisser les portes ouvertes, nous étions surveillés. Ils nous ont dit que Télio risquait de mourir et qu’en cas de survie, il aurait des séquelles physiques et psychologiques. Nous attendions le pire, tous dévastés car nous ne savions pas ce qui nous attendait. J’ai cherché sur internet les causes possibles et j’ai fait analyser le dossier de Télio par un expert, concluant à une hydrocéphalie externe. Cependant, cette conclusion a été rejetée par le tribunal.
Dans la machine judiciaire
Mon fils et ma belle-fille ont été en garde à vue pendant 39 heures en octobre 2021 suite à une convocation écrite. Les personnes qui les ont interrogés n’ont pas été tendres (poupée secouée devant mon fils pour lui montrer le geste). Les jumeaux ont été placés six mois à l’aide sociale à l’enfance (ASE) de Valence. Au début, le personnel était sur ses gardes mais un climat de confiance s’est progressivement installé et tout s’est bien passé. Mon fils, ma belle-fille, mon mari et moi étions dans la bienveillance avec eux et nous avons collaboré pour leur bien-être. La procédure pénale a abouti à une comparution immédiate devant le juge après la garde à vue : pointage mensuel, rendez-vous avec le contrôleur judiciaire tous les mois. L’expertise médicale a été rendue en août 2024. La demande de contre-expertise et l’appel ont été refusés. Nous sommes toujours dans l’attente.
Vivre avec la suspicion
Je ne saurai dire si cela a eu un impact sur la relation entre mon fils et ma belle-fille, mais je ne pense pas. Ma belle-fille a abandonné ses enfants et son conjoint ; elle est partie le jour de leur deuxième anniversaire.
Aujourd’hui, mon fils a la garde exclusive et l’autorité parentale, tandis que la mère a un droit de visite d’une heure deux fois par mois en milieu neutre et encadré. Mon fils s’occupe donc seul de ses jumeaux. Nous sommes très présents pour lui et pour eux.
Le jumeau qui n’était pas malade développe aujourd’hui une phobie des médecins et des blouses blanches. Il a constamment besoin d’être rassuré. Pendant les cinq semaines où il était à la pouponnière seul, il se laissait mourir : il ne souriait plus, ne mangeait plus. On l’a dûment gavé pour le nourrir. Aujourd’hui, il a énormément besoin de son jumeau.
Mon fils a perdu beaucoup de ses amis qui portaient un jugement sur la situation. Financièrement, nous avons payé la grande majorité des factures de l’avocat avec nos économies pour notre retraite. Aujourd’hui, il y a toujours ce sentiment d’injustice en nous : notre fils a toujours cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête, ce qui ne lui permet pas de vivre sereinement ou de construire une nouvelle vie de famille.
De notre côté, cela nous a beaucoup impacté aussi. Nous avions nos petits-enfants plusieurs fois par semaine pour aider les parents et du jour au lendemain plus rien. Le juge nous a accordé une visite d’une heure une fois par mois. Ce fut des moments très compliqués que de les laisser et partir pour attendre un mois avant la prochaine visite.
Nous nous refusons beaucoup de choses pour pouvoir payer les futures factures des avocats car ce n’est pas terminé. La justice de notre pays n’est pas juste, surtout quand on ne cherche pas à savoir ce qu’a eu comme maladie notre petit-fils, persuadés que c’était de la maltraitance ! Notre vie ne sera plus jamais la même : nous avons fait du mal à nos petits-fils et aussi à notre fils. C’est un double coup dur.
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